Mardi 16 février. Gare de Mons, trois heures trente du matin…La colère des conducteurs de trains…(le retour), énième épisode. Tel est le titre que l'on pourrait donner à un film de seconde catégorie, de série B. Sauf qu'ici, il ne s'agit pas d'un film, et la colère est bien là, pleinement justifiée. Sauf qu'ici, il n'y a pas que les conducteurs, car il y a aussi les accompagnateurs qui sont en colère.En colère contre quoi? En colère contre qui?Les raisons qui ont motivé l'arrêt de travail de ce mardi sont multiples, elles sont même identiques à celles qui ont déclenché la grève de décembre dernier (
voir le texte posté sur ce blog).
La grève d'il y a deux mois a mis en évidence les pressions diverses dont les conducteurs font l'objet au quotidien, pour eux-mêmes, mais surtout pour la sécurité des passagers. En fait, la précédente grève suivait de près une autre catastrophe, fin novembre, ici à Mons. Et avant cette grève de décembre, il y en avait eu une autre en juin, au lendemain même de la ducasse de Mons.
Et à chaque fois que ces travailleurs du rail tirent la sonnette d'alarme, il y a négociation, et au bout des négociations, il y a des promesses, des promesses qui ne sont pas respectées, jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau drame, un nouveau "Pécrot", jusqu'à ce qu'il y ait "Hal", et après?
Après çà? Les cheminots n'en veulent plus. Ils en ont marre de venir travailler et de voir l'un des leurs se faire tuer en plein boulot.
"T'es censé venir gagner ta croûte, et ta journée, tu la finis à la morgue" nous dit l'un d'entre-eux,
"çà peut plus durer"!
Les raisons de cette grève, disions-nous? Le stress, la pression permanente, les exigences inhumaines, les cadences infernales, avec parfois au bout, la mort au boulot.
Et plus que le décès d'un collègue, la frustration est grande, lorsqu'on voit tous ces gens, ces personnes que l'on transporte tous les jours, ces navetteurs qui se rendent eux aussi à leur boulot, tous ces gens qui font confiance aux cheminots, confiance à un moyen de transport censé être le plus sûr au monde, périr dans un accident que eux, cheminots, n'avaient pas voulu du tout.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir prévenu la direction SNCB, la sécurité fait défaut, il y a des lacunes graves dans les formations, et le manque d'effectif est flagrant,
"deux conducteurs en moins dans les roulements, et c'est tous les services qui sont chamboulés, avec le boulot réparti sur ceux qui restent, et les cadences reparties à la hausse, du stress autant que tu veux y en a" disent-ils.
Question sécurité, le projet TBL 2 existe depuis longtemps, il est en chantier depuis la direction d'Etienne Schouppe, et au lieu de çà, ils préfèrent fabriquer des gares pharaoniques (bien que les pharaons n'aient jamais connu les gares) comme celle de Liège, et puis traîner la patte en ce qui concerne la sécurité des usagers, les "clients" comme ils les appellent. Jusqu'à des "Pécrot", jusqu'à des "Hal", et après, quand est-ce que çà finira?
Faut qu'çà cesse!Les trains ne sont pas des boucheries. Les cheminots ne sont pas des charcutiers. Ils transportent les gens, ils les conduisent du point A au point B, et ils sont fiers du boulot qu'ils font, fiers du service qu'ils rendent. Et des "Pécrots", des "Hal", ils n'en veulent plus, c'est pourquoi, comme à St Ghislain, les conducteurs et accompagnateurs montois ont décidé de se croiser les bras, aujourd'hui, et le reste de la Wallonie leur a emboité le pas!