vendredi 14 mai 2010

2ème Marche du PTB Mons-Borinage à Boussu.


Ce samedi 15 mai 2010 se tiendra, à Boussu, notre deuxième marche, organisée par le Parti du Travail de Belgique.
Cette randonnée pédestre d'environs 9 Kms nous fera découvrir les recoins méconnus de la région.
Pas besoin d'être grand sportif pour y assister. Tout le monde y est cordialement invité.

Le point de rendez-vous au départ se tient à 16h00' à la friterie "casse-dalle", n° 190 rue Cordier à 7900 Boussu.

La participation aux frais d'organisation de 3,00€ donne droit à une boisson gratuite au retour de la marche.


dimanche 2 mai 2010

Grève à Carrefour :: "Pas question de choisir entre devenir chômeur ou travailleur pauvre"

Une délégation du PTB de Mons-Borinage s'est rendue ce vendredi 30 avril auprès du piquet de CARREFOUR "grands prés", afin de soutenir les grévistes.

(Article du site national PTB.BE):

Deux mois après l’annonce d’une très grosse restructuration des magasins Carrefour, les travailleurs s’apprêtent à faire 24 heures de grève ce 30 avril. Le point avec Irène Pêtre, secrétaire nationale de la CNE (syndicat chrétien des employés) pour le secteur commerce.

Benjamin Pestieau

« Touche pas à mon job ». Après les grèves du 27 février et du 3 avril, les travailleurs des 117 hyper et supermarchés Carrefour du pays seront en grève ce 30 avril. (Photo Solidaire, Sim Dereymaeker)

Pour rappel, au programme de la direction : des fermetures, des franchises, des milliers de pertes d’emplois. Pendant deux mois s’est déroulée une longue période dite « d’information » (selon les prescriptions de la loi Renault) pendant laquelle la direction a tenté de montrer les « bienfaits » de son plan et les syndicats ont mené des actions et cherché des solutions.

Alors, après plus de deux mois de conflit, où en est-on ?

Irène Pêtre. Et bien on commence les négociations cette semaine (le 27 avril, ndlr). Elles s’annoncent difficiles parce que le 1er objectif de la direction est de réduire la masse salariale de manière très importante. Et pour y arriver, depuis le début, elle a adopté une stratégie qui vise à nous déstabiliser et à nous diviser entre les magasins qui ferment, ceux qui vont à la franchise, ceux qui vont chez Mestdagh.

Mais ce qui est commun à tous les travailleurs de Carrefour, c’est que tout le monde va perdre du salaire. Car, selon la direction, ceux qui ne sont pas concernés par les fermetures et autres franchises – pour le moment, car ça change tout le temps – doiventchanger de commission paritaire ou trouver une façon de faire les mêmes économies salariales que s’ils changeaient de commission paritaire. Ce qui est impossible.

Dès le départ, j’aurais préféré qu’on dise non à ce plan. Bien sûr, s’il y a des difficultés on peut discuter, mais sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête où le patron dit que « ce plan est prendre ou à laisser sinon on s’en va ».

Vous parlez de stratégie de division et de déstabilisation. Pouvez-vous expliquer comment ça se manifeste concrètement ?

Irène Pêtre. Pendant la période actuelle de la procédure Renault, nous sommes censés apporter des alternatives au plan, donc des propositions pour sauver des magasins. Et bien entendu, chaque délégué essaie de sauver son magasin, c’est logique. Mais cette stratégie patronale divise fortement les gens. Certains travailleurs sont prêts à réduire leurs conditions de travail pour sauver leur magasin, et Lavinay, le directeur de Carrefour, ne se prive pas de l’utiliser dans les discussions. Et comme les organisations syndicales n’ont pas dit non dès le départ à cette stratégie d’analyse par magasin, on a été forcés de travailler comme ça. Je pense que c’est dommage.

Fondamentalement, quels sont les problèmes de l’entreprise ?

Irène Pêtre. Le problème de Carrefour n’est certainement pas les salaires mais bien le fait que le chiffre d’affaire a diminué de 8 % en 10 ans. Et les mesures qu’ils présentent aujourd’hui pour relancer la dynamique commerciale ne marcheront pas car ce sont les mêmes mesures que dans le passé et qui n’ont pas marché.

Mais Carrefour n’est pourtant pas en déficit ?

Irène Pêtre. C’est ça qui est complètement fou. L’entreprise veut rentabiliser ses actions. C’est normal, c’est le capitalisme. Et c’est encore plus vrai depuis que Bernard Arnault (plus grosse fortune d’Europe, ndlr) est arrivé dans le capital de Carrefour il y a deux ans. Il a eu des dividendes, mais moins que prévu. L'action a fortement baissé. Carrefour a alors appelé Lars Olofsson (ex-Nestlé), qui a composé une nouvelle équipe de direction pour augmenter les profits. Par exemple, le nouveau patron de Carrefour pour la Belgique, l’Italie et l’Espagne vient du plus grand distributeur du monde – Wall Mart – connu pour ses bas salaires et ses pratiques antisyndicales.

Depuis, le discours est le même partout en Europe : volonté de faire des économies et menaces de départ – sauf pour la France. Dans les quatre pays où Carrefour a les plus gros chiffres d’affaire, des plans de restriction et de restructuration sont en route.

Et quel est le sentiment du personnel dans les magasins ?

Irène Pêtre. La situation est très difficile à vivre pour les travailleurs. Il y a d’abord des gens très bien qui veulent que ça aille vite, qu’on exerce une pression courte et intense car les gens ne vont pas tenir des mois. Et d’autres, tout aussi bien, qui disent qu’il faut faire traîner les choses, avoir Carrefour à l’usure. Unifier les gens, ce n’est donc pas simple.

Et une fois qu’on est uni dans un syndicat, on doit dégager une stratégie commune entre les trois syndicats impliqués dans le conflit (SETCA-BBTK, LBC et CNE, ndlr). Ceci implique que chacun fasse des concessions et qu’on discute beaucoup pour accorder les violons.

Comptez-vous mobiliser au-delà de Carrefour, vu que le conflit risque de tirer tous les salaires du secteur vers le bas ?

Irène Pêtre. La CNE a plusieurs propositions. Tout d’abord, nous voulons élargir la mobilisation au moins à tout le secteur du commerce. Nous voulons faire comprendre à tous les travailleurs du secteur que ce qui se joue dans le conflit Carrefour c’est la réduction des salaires et des charges. Si Carrefour arrive à passer ses réductions de salaires en forçant un changement de commission paritaire, il n’y a pas de raison que les employeurs des autres enseignes – dans la guerre des coûts qu’ils se mènent – n’essaient pas de faire la même chose.

Par exemple, si le plan Carrefour passe, cela aura immédiatement des conséquences sur les travailleurs de Cora, qui se retrouveraient seuls dans les conditions d’une commission paritaire plus avantageuse. On est également actuellement en négociation avec Delhaize qui essaie aussi de réduire le coût des travailleurs en introduisant une rémunération au mérite et plus à l’ancienneté.

Bien entendu, nous nous opposons à cette logique, car elle n’a pas de fin. On trouve toujours des gens qui travaillent moins cher dans la concurrence. Notre objectif à nous, comme organisation syndicale, c’est d’harmoniser vers le haut.

Les syndicats annoncent une grève générale le 30 avril. Cela ne risque-t-il pas d’affaiblir l’entreprise ?

Irène Pêtre. Cela montre que nous sommes loin d’avoir dit notre dernier mot. On veut clairement exprimer le fait que ce n’est pas aux travailleurs de Carrefour de payer l’addition d’une direction qui n’a pas su faire du commerce.

Aujourd’hui Carrefour veut laisser le choix aux travailleurs d’être des chômeurs ou des travailleurs pauvres. Ils devraient se contenter de l’un ou de l’autre. Au nom de quoi? Peut-être que le jour où on mettra des limites aux bénéfices des actionnaires on pourra raisonner comme ça. Mais en attendant, je ne vois pas pourquoi on accepterait des mauvaises solutions.