Incendie des Mésanges : témoignages des victimes
Robert Longlez
« J'étais au 12e
étage, j'y habitais depuis 6 ans. Ma femme était enceinte de 9
semaines. Je me suis réveillé vers 1h. Quand j'ai ouvert la porte,
la porte s'est claquée sur moi par la pression de la fumée. Je suis
allé chercher ma femme. Mais il n'a pas fallu 3 minutes pour que le
living et le couloir soient rempli de fumée. J'ai téléphoné aux
pompiers. Ma femme est retournée dans la chambre pour avoir de
l'air. Les pompiers étaient débordés, ils me disaient de mettre
des torchons mouillés au bas de la porte d'entrée. Dans le couloir
de mon appartement, je suis tombé dans les pommes deux fois.
Finalement j'ai réussi à sortir par les escaliers de secours. Je
voulais aller chercher des pompiers pour sauver ma femme. En
descendant, j'ai frappé aux carreaux des autres locataires, j'ai
même dû aider une femme algérienne à sortir avec son bébé.
Arrivé en bas, j'ai appris que ma femme était tombée ou s'était jetée par la fenêtre à l'arrière du bâtiment....
Aujourd'hui je souffre de migraines post-traumatiques. »
Son avocat, Jan Fermon, expliquera au juge : « Robert n'a rien à se reprocher. Sa femme avait décidé de retourner dans sa chambre. Robert est tombé évanoui deux fois. Encore somnolent, il a réussi à atteindre les escaliers de secours. Des voisins l'ont vu courir sur le toit pour trouver des pompiers pour pouvoir sauver sa femme. Il a vécu un double traumatisme. Il a perdu son épouse et un futur petit enfant, mais il vit aussi avec le sentiment de ne pas avoir pu la sauver. Une fois dehors, il était encore en sous-vêtements, il faisait moins deux degrés dehors. Il s'est couché à côté de Laetitia, sa femme, c'était le seul geste qu'il pouvait encore faire.
Par la suite, il a vécu la descente aux enfers, des sentiments de culpabilité, le désespoir, la dépression, la toxicomanie. La descente aux enfers sur le plan administratif aussi. Il n'est plus en ordre pour certains papiers, et n'a plus droit au CPAS. Il se retrouvera à un point où il n'a plus rien.
Aujourd'hui, il s'en sort. Je suis content. Car sans aide, il s'en est sorti petit à petit. Il a du travail maintenant, mais il a dû sortir du puits le plus profond qu'on peut s'imaginer ! »
Arrivé en bas, j'ai appris que ma femme était tombée ou s'était jetée par la fenêtre à l'arrière du bâtiment....
Aujourd'hui je souffre de migraines post-traumatiques. »
Son avocat, Jan Fermon, expliquera au juge : « Robert n'a rien à se reprocher. Sa femme avait décidé de retourner dans sa chambre. Robert est tombé évanoui deux fois. Encore somnolent, il a réussi à atteindre les escaliers de secours. Des voisins l'ont vu courir sur le toit pour trouver des pompiers pour pouvoir sauver sa femme. Il a vécu un double traumatisme. Il a perdu son épouse et un futur petit enfant, mais il vit aussi avec le sentiment de ne pas avoir pu la sauver. Une fois dehors, il était encore en sous-vêtements, il faisait moins deux degrés dehors. Il s'est couché à côté de Laetitia, sa femme, c'était le seul geste qu'il pouvait encore faire.
Par la suite, il a vécu la descente aux enfers, des sentiments de culpabilité, le désespoir, la dépression, la toxicomanie. La descente aux enfers sur le plan administratif aussi. Il n'est plus en ordre pour certains papiers, et n'a plus droit au CPAS. Il se retrouvera à un point où il n'a plus rien.
Aujourd'hui, il s'en sort. Je suis content. Car sans aide, il s'en est sorti petit à petit. Il a du travail maintenant, mais il a dû sortir du puits le plus profond qu'on peut s'imaginer ! »
Caty Dujardin
« J'habitais au 10e
étage. J'étais dans mon bain quand j'ai entendu du bruit. Je
pensais que c'était ma fille ainée qui rentrait. Mais de la fumée
rentrait dans le living. Quand j'ai voulu ouvrir la porte d'entrée,
j'ai été repoussée par la pression des fumées. Les extincteurs
étaient vides. La Sorelobo avait décidé de ne pas remplacer les
extincteurs tant qu'on n'avait pas dénoncé le coupable des
dégradations. Je suis partie dans ma chambre chercher une veste, et
j'ai téléphoné à mon père. Le temps que je revienne, je n'avais
déjà plus accès au hall d'entrée, alors que je devais passer par
là pour aller à la chambre qui donne accès aux escaliers de
secours. Mais la fumée était trop épaisse et suffocante. J'ai dû
m'enfuir à la cuisine, je respirais par la fenêtre. Mais les
flammes sont arrivées là aussi de l'extérieur. Je voyais au
sixième étage Pierre et sa maman tomber de leur fenêtre. Je me
suis alors couchée par terre et je respirais dans ma chemise. Je me
sentais partir. Je chantais pour ne pas m'endormir. Tout ce temps-là
je suis restée au gsm avec mon père, j'ai fini par lui faire mes
adieux... et après ça je n'avais plus de batterie.
J'ai essayé de retourner à ma salle de bains, à chaque respiration ça faisait mal au thorax. Finalement les pompiers m'ont retrouvée évanouie à côté de mon lit avec la couette sur mon visage.
Aujourd'hui, je paie encore. Parce que les frais s'étaient accumulés. Comme plein d'autres locataires je n'avais pas d'assurance incendie, nous devions donc remplacer les meubles à nos frais. Et puis les consultations chez le psychiatre, etc.
J'ai les images de l'incendie qui me reviennent souvent encore, je suis encore des thérapies, la mutuelle m'a reconnue invalide jusqu'à ma pension. La nuit, je dors très peu, mon cerveau est toujours en alerte. Il me faut toujours une présence ou le bruit d'une TV. »
J'ai essayé de retourner à ma salle de bains, à chaque respiration ça faisait mal au thorax. Finalement les pompiers m'ont retrouvée évanouie à côté de mon lit avec la couette sur mon visage.
Aujourd'hui, je paie encore. Parce que les frais s'étaient accumulés. Comme plein d'autres locataires je n'avais pas d'assurance incendie, nous devions donc remplacer les meubles à nos frais. Et puis les consultations chez le psychiatre, etc.
J'ai les images de l'incendie qui me reviennent souvent encore, je suis encore des thérapies, la mutuelle m'a reconnue invalide jusqu'à ma pension. La nuit, je dors très peu, mon cerveau est toujours en alerte. Il me faut toujours une présence ou le bruit d'une TV. »
Mme Lengema
Madame Lengema et son mari, Monsieur Yengo, avec leurs 4 enfants,
avaient pu quitter les lieux dans des conditions un peu plus
« acceptables », via les escaliers de secours.
L'électricité a été coupée alors qu'ils venaient juste de
descendre. Ils entendent alors les gens crier dans le noir.« Mon
mari et moi ont pu surmonter ce que nous avons vu et vécu, nous
avons pu vivre avec. » Ils avaient aussi la chance d'avoir une
assurance incendie et ont été dédommagés.
Mais Madame Lengema tient à dire quelque chose : « J'ai vécu aux Mésanges durant 5, 6 ans. Je ne me retrouve pas dans la description qu'on en fait constamment : les cas sociaux des mésanges”. Durant toute cette période, je n'ai jamais connu là des “turbulences”. »
« Nous avons vécu le drame cette nuit-là nous-mêmes, c'était un premier traumatisme, pour nous et nos enfants. Par la suite et le lendemain, nos voisins nous racontent ce qui leur est arrivé, ça a remis une deuxième couche. Imaginez-vous qu'un ami nous explique qu'il a dû laisser tomber son bébé d'une hauteur de 2 mètres pour qu'un pompier l'attrape ! Parce que l'escalier des pompiers n'arrivait pas assez haut pour atteindre son appartement. Des histoires comme ça, ça ronge. Je ne sentais plus mes genoux !
Puis nous vivons une couche supplémentaire : les médias qui parlent d'un immeuble à cas sociaux, un immeuble de turbulents. Le soir, oui, il y avait parfois un peu de bruit par les jeunes, qui n'étaient pas nécessairement de notre immeuble. Il y avait toute une vie de quartier. Mais nous n'avons jamais eu le feu devant notre appartement, jamais eu des ennuis avec personne.
De toute façon, même si ça avait été le cas, ça ne change rien à l'obligation des dirigeants de la Sorelobo d'assurer la sécurité des locataires, ou en cas de vandalisme de trouver des solutions. C'était une mission de service public. Qu'ils ne l'aient pas fait est tout simplement irresponsable. »
Mais Madame Lengema tient à dire quelque chose : « J'ai vécu aux Mésanges durant 5, 6 ans. Je ne me retrouve pas dans la description qu'on en fait constamment : les cas sociaux des mésanges”. Durant toute cette période, je n'ai jamais connu là des “turbulences”. »
« Nous avons vécu le drame cette nuit-là nous-mêmes, c'était un premier traumatisme, pour nous et nos enfants. Par la suite et le lendemain, nos voisins nous racontent ce qui leur est arrivé, ça a remis une deuxième couche. Imaginez-vous qu'un ami nous explique qu'il a dû laisser tomber son bébé d'une hauteur de 2 mètres pour qu'un pompier l'attrape ! Parce que l'escalier des pompiers n'arrivait pas assez haut pour atteindre son appartement. Des histoires comme ça, ça ronge. Je ne sentais plus mes genoux !
Puis nous vivons une couche supplémentaire : les médias qui parlent d'un immeuble à cas sociaux, un immeuble de turbulents. Le soir, oui, il y avait parfois un peu de bruit par les jeunes, qui n'étaient pas nécessairement de notre immeuble. Il y avait toute une vie de quartier. Mais nous n'avons jamais eu le feu devant notre appartement, jamais eu des ennuis avec personne.
De toute façon, même si ça avait été le cas, ça ne change rien à l'obligation des dirigeants de la Sorelobo d'assurer la sécurité des locataires, ou en cas de vandalisme de trouver des solutions. C'était une mission de service public. Qu'ils ne l'aient pas fait est tout simplement irresponsable. »
Pascal Lebrun
Pascal Lebrun témoigne devant le tribunal. Ses parents sont
décédés dans l'incendie, lui-même habitait ailleurs. Ce jour-là
il a dû attendre 17h avant d'apprendre que ses parents étaient bien
parmi les victimes décédées.
Depuis 11 ans, Pascal travaille dans un service technique pour une société de logement social à Charleroi. Il constate que, quand des protections incendie sont à remplacer, cela se fait en priorité. Que ce soient les dévidoirs, les extincteurs ou les détecteurs d'incendie.
Pascal demande à la présidente s'il peut encore dire quelque chose : « J'ai vécu aux Mésanges de mes 3 ans à mes 24 ans, je n'ai jamais remarqué une criminalité importante qui aurait justifié un abandon de la sécurité des bâtiments ! »
Depuis 11 ans, Pascal travaille dans un service technique pour une société de logement social à Charleroi. Il constate que, quand des protections incendie sont à remplacer, cela se fait en priorité. Que ce soient les dévidoirs, les extincteurs ou les détecteurs d'incendie.
Pascal demande à la présidente s'il peut encore dire quelque chose : « J'ai vécu aux Mésanges de mes 3 ans à mes 24 ans, je n'ai jamais remarqué une criminalité importante qui aurait justifié un abandon de la sécurité des bâtiments ! »
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