mardi 16 février 2010

Les trains ne roulent plus aujourd'hui! La faute à qui?

Mardi 16 février. Gare de Mons, trois heures trente du matin…
La colère des conducteurs de trains…(le retour), énième épisode. Tel est le titre que l'on pourrait donner à un film de seconde catégorie, de série B. Sauf qu'ici, il ne s'agit pas d'un film, et la colère est bien là, pleinement justifiée. Sauf qu'ici, il n'y a pas que les conducteurs, car il y a aussi les accompagnateurs qui sont en colère.

En colère contre quoi? En colère contre qui?

Les raisons qui ont motivé l'arrêt de travail de ce mardi sont multiples, elles sont même identiques à celles qui ont déclenché la grève de décembre dernier (voir le texte posté sur ce blog).
La grève d'il y a deux mois a mis en évidence les pressions diverses dont les conducteurs font l'objet au quotidien, pour eux-mêmes, mais surtout pour la sécurité des passagers. En fait, la précédente grève suivait de près une autre catastrophe, fin novembre, ici à Mons. Et avant cette grève de décembre, il y en avait eu une autre en juin, au lendemain même de la ducasse de Mons.
Et à chaque fois que ces travailleurs du rail tirent la sonnette d'alarme, il y a négociation, et au bout des négociations, il y a des promesses, des promesses qui ne sont pas respectées, jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau drame, un nouveau "Pécrot", jusqu'à ce qu'il y ait "Hal", et après?
Après çà? Les cheminots n'en veulent plus. Ils en ont marre de venir travailler et de voir l'un des leurs se faire tuer en plein boulot. "T'es censé venir gagner ta croûte, et ta journée, tu la finis à la morgue" nous dit l'un d'entre-eux, "çà peut plus durer"!

Les raisons de cette grève, disions-nous? Le stress, la pression permanente, les exigences inhumaines, les cadences infernales, avec parfois au bout, la mort au boulot.
Et plus que le décès d'un collègue, la frustration est grande, lorsqu'on voit tous ces gens, ces personnes que l'on transporte tous les jours, ces navetteurs qui se rendent eux aussi à leur boulot, tous ces gens qui font confiance aux cheminots, confiance à un moyen de transport censé être le plus sûr au monde, périr dans un accident que eux, cheminots, n'avaient pas voulu du tout.

Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir prévenu la direction SNCB, la sécurité fait défaut, il y a des lacunes graves dans les formations, et le manque d'effectif est flagrant, "deux conducteurs en moins dans les roulements, et c'est tous les services qui sont chamboulés, avec le boulot réparti sur ceux qui restent, et les cadences reparties à la hausse, du stress autant que tu veux y en a" disent-ils.

Question sécurité, le projet TBL 2 existe depuis longtemps, il est en chantier depuis la direction d'Etienne Schouppe, et au lieu de çà, ils préfèrent fabriquer des gares pharaoniques (bien que les pharaons n'aient jamais connu les gares) comme celle de Liège, et puis traîner la patte en ce qui concerne la sécurité des usagers, les "clients" comme ils les appellent. Jusqu'à des "Pécrot", jusqu'à des "Hal", et après, quand est-ce que çà finira?

Faut qu'çà cesse!

Les trains ne sont pas des boucheries. Les cheminots ne sont pas des charcutiers. Ils transportent les gens, ils les conduisent du point A au point B, et ils sont fiers du boulot qu'ils font, fiers du service qu'ils rendent. Et des "Pécrots", des "Hal", ils n'en veulent plus, c'est pourquoi, comme à St Ghislain, les conducteurs et accompagnateurs montois ont décidé de se croiser les bras, aujourd'hui, et le reste de la Wallonie leur a emboité le pas!

7 commentaires:

  1. Un vingtaine de morts à Hal ; l’enquête déterminera les causes comme ils disent ! … Et, je parie que la faute sera « mise » sur le dos d’un conducteur, d’un cheminot !

    Et le manque d’entretien du matériel roulant ou au sol, … pour faire des économies, on’ en parle quand ????

    Et les « services à rallonges » pour le personnel, … on n’en parle quand ?????

    La formation de base ou continue que l’on rabote, …. pour être rentable, compétitif et/ou par manque de personnel, …. on n’en parle quand ??????

    Le travail des cheminots, de plus en plus stressant, les périodes de travail qui s’allongent, les séries de 7 jours de travail consécutifs, les heures supplémentaires (déguisées ou pas), le ras le bol de plus en plus lattant, … on en parle quand ???, on fait quoi ????


    Les syndicats, ils font quoi ? … ils discutent et ils tempèrent (ou font de la kollaboration)
    Les dirigeants du groupe SBCB, eux, ils comptent les points et font des coups de « com. » pour parler « chébran ». Voici le message du des administrateurs délégués du groupe SNCB :

    « … Les administrateurs délégués du Groupe SNCB attirent la vive attention de tout
    le personnel du Groupe sur le message que voici.

    Ce soir, Inge Vervotte, ministre de la Fonction publique et des Entreprises
    publiques, les trois ceo's du groupe ferroviaire, et des représentants de
    CSC-Transcom et de la CGSP-Cheminots, se sont concertés sur leur réactions par
    rapport à la catastrophe ferroviaire à Halle.
    Concernant les causes de cette catastrophe, ils sont unanimement d'accord
    qu'il faut attendre le résultat de l'enquête menée par les instances
    judiciaires.

    Les prochains jours, ils communiqueront comment seront assidument poursuivis
    les efforts pour maximaliser les garanties de sécurité pour les voyageurs et
    les collaborateurs. L'Etat, le management et les représentants des travailleurs
    continueront leur dialogue concernant ces sujets.

    Les prochains jours, ces partenaires ne laisseront tomber ni les voyageurs ni
    les travailleurs.
    Ensemble, ils démontreront d'une façon active leur solidarité avec les victimes
    et leurs familles. … »

    Il faudra encore combien de morts pour revoir la politique de financement des services publics ? Combien de morts pour comprendre que la course à la rentabilité, aux profits mène inévitablement à la catastrophe !!

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  2. Loquet Jeanb_claude.(Havré)16 février 2010 à 16:33

    OUI? combien faudra-t-il encore de victimes,de morts pour qu'on finisse de parler de sécurité (sur le rail,sur les routes,dans les écoles,dans les cités,...) et pour qu'on AGISSE enfin pour que ces fléaux cessent.Les causes tout le monde les connait,les remèdes aussi mais quand il faut concrétiser et que le voit le prix du laxisme des générations précédantes dont le seul but était:économies car l'Europe est là, nous devons en faire partie et quand nous y seront celà ira mieux (paroles de Dehan),il n'y a plus rien,on reporte la finalité à plus tard, et rien ne se concrétise.Aucun des hommes politiques, tout partis confondus ne veut réellement aboutir et ce par unique intéret électoraliste. Et pendant ce temps là,nous continuerons à compter nos amis,nos collègues, nos enfants, mrts sur les routes,dans les écoles, dans les cités,... et ce au nom de l'hypocrisie politicarde assujetie à l'ARGENT qu'elle en retire sur le dos des TRAVAILLEURS!!!

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  3. Voilà encore le résultat du capitalisme, la SNCB qui se privatise et qui ne regarde que le profit.
    L'argent compte bien plus que la sécurité des gens ! Les médias y sont aussi un peu responsables, en effet quand les cheminots sont en grève, ils interrogent les navetteurs et les influencent davantage ! Les usagers doivent comprendre ce qui se passe actuellement, dans quelles conditions et sous quelles pressions les
    agents y travaillent !

    Jo

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  4. tout notre soutien pour nos camarades cheminots en lutte aujourd'hui .

    C'est une véritable tragédie ou la rentabilité prend le pas sur la sécurité des personnes et des biens.

    Il va sans dire qu'il est indispensable que les décideurs et donneurs d'ordre revoient entiérement leur mauvaise

    copie et ce n'est pas simplement en Belgique qu'ils doivent le faire mais partout en Europe.

    Il faudra certainement l' imposer par la lutte dans l'unité la plus compléte.



    Joël

    CGT Lille

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  5. Juste quelques mots pour vous apporter au nom de la CGT Nord/Pas de Calais le soutien des cheminots dans cette dure épreuve qui secoue notre corporation et votre pays. Souhaitons que les enquêtes en cours pourront démontrer les véritables causes et non l'alibi de la fatalité et de la faute humaine.

    Patrick D.
    secrétaire régional CGT Cheminots 59/62

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  6. Thérèse Michels18 février 2010 à 09:21

    Les cheminots de Mons ont eu entièrement raison de déclencher la grève. Et je pense que cette fois, pas mal de gens ont compris que les grèves des cheminots ce n'est pour les embêter, mais pour la sécurité et le bien des voyageurs aussi. Mes collègues aussi me le disent. Un collègue m'a dit : "Des montois ont été touchés dans cet accident. Di Rupo, tout "socialiste" qu'il est, maintenant devrait prendre ses responsabilités en tant que Bourgmestre de Mons. Et intervenir pour que l'argent prévu pour la nouvelle gare de Mons, serve plutôt à investir dans la sécurité des trains !" C'est mon idée aussi. La construction de la nouvelle gare de Mons pourrait coûter jusqu'à 350 millions d'€. Fonds qui proviendront du gouvernement et de l'Europe. Ces instances sont les premiers responsables du démantèlement des services publics. C'est eux qui devraient payer pour préserver la vie des voyageurs et des cheminots!

    Thérèse

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  7. Je suis cheminot à Mons, et des catastrophes, j'en ai connu pas mal sur ma carrière. Peu [heureusement] de cette ampleur-ci. Avant Pécrot, il y a eu cet accident dans la province du Luxemmbourg avec un convoi de marchandises, et bien avant, en 1982 ou 1983 (j'étais tout jeune cheminot), il y a eu la collision frontale de Aalter (situé entre Gand et Bruges) entre deux trains de voyageurs.

    Ce genre de catastrophes NE DOIT JAMAIS ARRIVER, c'est un fait!

    En tant que cheminot, j'ai un devoir de discrétion vis-à-vis de la société qui m'emploie, mais je peux juste dire ceci, c'est qu'il est plus que grand temps que les décideurs, tant politiques que les dirigeants de la société des chemins de fer, prennent leurs responsabilités, et fassent tout pour que cela n'arrivent plus! Pa seulement en termes d'investissements financiers, mais surtout du point de vue HUMAIN!

    Car ce qui se passe est [aussi] une des nombreuses conséquences de la libéralisation des services publics: la pression excercée sur le personnel cheminot devient intenable, la recherche effrennée de la rentabilité "à tout prix" (même au prix de ces victimes innocentes)!

    Combien de morts, combien de victimes leur faudra-t-il donc encore pour que cesse cette recherche du profit au détriment de l'être humain?

    Aujourd'hui, les cheminots sont en deuil.
    Je voudrais donc ici rendre hommage aux victimes, ces personnes qui nous ont fait confiance pour les transporter. Et j'aimerais tant dire à tous les navetteurs qu'ils ont raison de nous accorder leur confiance. Car c'est vrai que nous aimons notre boulot, et nous le faisons de tout notre coeur, pour les gens que nous transportons. mais voilà, ...si çà ne tenait qu'à nous, cheminots, ...mais voilà, il y a toujours ce putain de facteur "FRIC" qui intervient!

    On n'a pas voulu çà!

    On n'en voudra jamais!

    Et faut plus qu'çà arrive!

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