mardi 20 décembre 2011

Mardi 20 décembre 2011 - Grève des cheminots à Mons, jour 1.

Gare de Mons, ce mardi 20 décembre, une humidité glaciale, en ce dernier matin d'automne, nous prend tous à la gorge. Aucun bruit, aucun mouvement de ces roues d'acier ne vient troubler la quiétude d'une nuit sur le déclin. Non, aucun bruit, si ce n'est des cris de colère des accompagnateurs et des conducteurs de trains. Ils se sont croisé les bras. Et plus un train n'est parti au départ de la future "gare-lumeçon". Ils ont emboité le pas de leurs collègues des dépôts de Tournai, d'Ath et de Braine-le-Comte. Et durant la journée, la "trainée-de-poudre" a atteint la zone de Charleroi. Il y a de fortes probabilités qu'une grande partie du pays sera immobilisée demain. …Et après-demain, et….

Pourtant le mot d'ordre de grève nationale des chemins de fer avait été donné pour la journée de jeudi 22 décembre. Mais l'enjeu est trop important, la riposte des travailleurs du rail est à la mesure de la fronde antisociale lancée par le gouvernement Di Rupo, plus précisément de la volonté du ministre des pensions, Vincent Van Quickenborne, de procéder au vote [à la chambre, ce jeudi] de la réforme du système des retraites des cheminots (parmi d'autres services publics) tel que défini dans l'accord gouvernemental, pour en arriver progressivement à un seul type de pension pour tout le monde, calquée sur le modèle du privé.

Le nivellement social par le bas induit, dans un premier temps, l'augmentation de la durée de la carrière de deux années, applicable progressivement par mesures transitoires jusqu'en 2016, accompagnée d'une diminution conséquente du montant de la pension. Et çà, c'est "NON", disent nos camarades cheminots!

La colère et le dégoût des travailleurs du rail n'a d'égal que le mépris du politique envers les gens qui les élisent. …Et ils s'en souviendront au moment opportun.

Pour la petite explication, un cheminot touche une pension que l'on pourrait définir comme étant un "salaire différé", d'un montant maximum de 75% du dernier salaire brut mensuel moyen calculé sur la dernière année de travail, au prorata du nombre d'années de carrière (tantièmes). Les "sédentaires" (travaillant en endroits fixes) prennent leur retraite à l'âge de 60 ans et les "roulants" (accompagnateurs et conducteurs) partent à 55 ans. Ces âges sont définis à condition de prester durant au moins 30 années de carrière au chemin de fer. Ce sont des conventions établies, fixées dans les statuts, et qui tiennent compte, dans le cas des roulants, de la pénibilité due aux services très irréguliers et aux exigences et contraintes inhérentes à leur travail. Il faut savoir également qu'en retour d'une relative sécurité d'emploi statutaire, un cheminot débute sa carrière avec une situation pécuniaire de loin bien inférieure aux collègues du secteur privé, tout en voyant augmenter progressivement son salaire d'années en années, sous forme d'augmentations biennales, pour atteindre seulement en fin de carrière une situation plus ou moins normale. D'où la justification d'une pension un peu plus confortable, eu égard aux efforts consentis tout au long d'une carrière pleine.

Les mesures transitoires [ou progressives] de la nouvelle loi débutent dès 2013 pour être pleinement appliquée en 2016. Dès lors, le cheminot devrait travailler respectivement jusqu'à l'âge de 62 ans (sédentaires) et de 57 ans (roulants) , donc deux années de prestation en plus pour tous, sur leur carrière à condition qu'elle soit de 40 années (10 ans de plus), et le montant de cette retraite serait calculée sur base du salaire moyen des dix dernières années prestées (au lieu uniquement de la dernière année auparavant), donc une perte sèche d'environs 70€ à plus de 100€ par mois, suivant le barème.

Le Parti du Travail de Belgique désapprouve totalement ces mesures discriminatoires et purement antisociales entraînant une régression sans précédent des acquis et des conventions statutaires à l'exemple de celles des cheminots, et des autres travailleurs du service public. Il est scandaleux de vouloir faire travailler les gens plus longtemps alors que des centaines de milliers d'autres sont en attente d'un emploi. Il est inadmissible que le travailleur doive payer de sa poche pour financer une économie déficiente, provoquée par une crise du système dont ils ne sont nullement responsables!

Des solutions existent, qui ne pénalisent nullement les travailleurs, et sont bien plus socialement acceptables:
  • Embaucher des jeunes, donner du travail aux sans-emplois, et non maintenir les cheminots plus longtemps au travail.
  • Faire payer la crise aux vrais responsables. Les méga-richissimes qui font fortune sur le dos des travailleurs doivent contribuer. Il est grand temps de rétablir un réel équilibre entre le monde du travail, et celui de la finance [trop] facile. Taxons les grosses fortunes.
Les cheminots annoncent une grève "au finish" et étendue à tous les services, si cette loi n'est pas purement et simplement supprimée. Le Parti du Travail de Belgique est solidaire avec les cheminots et soutient ce mouvement légitime, ce mouvement social, cette réaction simplement humaine et juste.

A.P. - Section PTB Rail - Mons-Borinage

1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord avec vous, nous avons déjà assez donné, il faut que le travailleur se réveille et qu'il se met debout !!!

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