dimanche 18 octobre 2009

"Preiss-Daimler" St Ghislain (ex-Belref) - Toute une histoire... + Discours syndical

L'industrie céramique Boraine, aussi ancienne que la Belgique...

Depuis le 19ème siècle, l'industrie céramique a toujours occupé une place prépondérante dans la région de Mons-Borinage. A Saint-Ghislain, Hautrage, Baudour, Tertre, Ghlin, Quaregnon, Wasmuël,...de nombreuses usines y produisaient des briques réfractaires destinées aux secteurs de la verrerie, de la sidérurgie, de la cimenterie ou simplement dans le secteur des marchands de matériaux. D'autres usines fabriquaient des briques pour le secteur de la construction, du carrelage en grès particulièrement résistant, des isolateurs, de la porcelaine ou encore de la faïence. Les matières premières provenaient en grande partie des carrières environnantes.

Ainsi, depuis 1834, les travailleurs de la société Preiss-Daimler située à Saint-Ghislain, beaucoup plus connue sous le nom BELREF, fabriquent des briques réfractaires destinées aux fours de verreries ainsi qu'aux sidérurgistes. Cette société, véritable fleuron de l’industrie boraine, a été brutalement mise en faillite le 29 septembre 2009. Il est à souligner que seule l’usine belge est mise en faillite par la maison mère allemande P.D. GROUP avec ses 12 millions € de profit dégagés en 2008.

Celle-ci va poursuivre ses activités en Allemagne, Tchéquie, Chine et ailleurs dans le monde.
PREISS DAIMLER s’est comporté comme un « patron voyou » en ne respectant pas ses obligations légales et conventionnelles (non paiement des salaires de septembre, préavis,….).
Il s’agit d’une véritable catastrophe pour l’emploi régional : 173 emplois directs sont perdus sans compter les emplois indirects.
En fait c’est toute l’industrie de la céramique boraine qui est en train de disparaître de la carte.
NGK BAUDOUR (ex CERABEL), RNI, Briqueterie DURIEUX, VESUVIUS HAUTRAGE, BELREF SAINT-GHISLAIN ont cessé de vivre en quelques mois. L’épine dorsale du Borinage industriel est en train de passer de vie à trépas.

C’est dans ce contexte qu’une manifestation pour l’emploi a eu lieu le 16 octobre face à l’usine Belref de Saint-Ghislain. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur solidarité avec les 173 travailleurs de Preiss- Daimler (parmi les manifestants, une présence très symbolique, celle de la délégation syndicale de Bridgestone Frameries en Front Commun). De nombreuses entreprises de la région étaient représentées et tous ont fortement manifesté leur volonté d'unification, de radicalisation des réactions contre les "patrons voyous" qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif de profits.
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Discours intégral d’Alain de Nooze (secrétaire régional de la centrale générale F.G.T.B. Mons-Borinage.

« Cher(es) Camarades,

Au nom de la centrale générale F.G.T.B. Mons-Borinage, nous tenons à vous remercier chaleureusement pour votre présence, aujourd’hui sur le site de Saint-Ghislain.
Cela nous fait chaud au cœur de vous voir aussi nombreux manifester votre solidarité avec les travailleurs de BELREF et leur famille. Cela fait plaisir de voir une telle volonté pour que votre usine continue de vivre malgré la faillite.

Une faillite injuste voulue par PREISS DAIMLER, un patron voyou parti sans payer les salaires, ni les préavis de 173 travailleurs. Un PREISS DAIMLER qu’il faut rayer de notre mémoire. Notre usine s’appelle BELREF. Elle est présente à Saint-Ghislain depuis 1834. On ne va pas accepter qu’elle disparaisse comme ça. On ne veut pas qu’elle devienne un nouveau chancre au cœur du Borinage. Car, comme le disait un journal, la semaine dernière, BELREF est le joyau de l’industrie boraine et il doit le rester.

BELREF est connu dans le monde entier pour produire la meilleure silice sur le marché. BELREF a sa place pour fournir ses produits aux verriers, aux sidérurgistes sur le plan international.
Alors, comment expliquer le gâchis actuel ? Comment expliquer la déconfiture de toute l’industrie céramique présente au Borinage en moins de 3 ans ?
  • NGK BAUDOUR (CERABEL) : fermeture en 2006
  • R.N.I. : faillite en 2008
  • Briqueterie DURIEUX : fermeture en 2008
  • VESUVIUS HAUTRAGE : fermeture en 2009
  • PREISS-DAIMLER : faillite le 28/09/2009
C’est tout le borinage industriel qui est en train de disparaître.

Il est temps de réagir. Demain, il sera trop tard.


Nous avons au Borinage les hommes, le savoir-faire, les matières premières qui ont fait sa renommée et en particulier celle de la céramique.


Cependant, par la faute du système capitaliste, par la faute des multinationales qui délocalisent, qui gèrent mal, qui se comportent comme des voyous, nos usines ferment, nos camarades et leur famille sont réduits au chômage et à la misère. C’est un scandale ! Le scandale d’un système laxiste où les patrons peuvent tout se permettre sans être inquiétés par la justice.

BELREF est un malheureux exemple supplémentaire de ce laxisme. Depuis une quarantaine d’années, depuis l’abandon de l’entreprise par la Société Générale, BELREF n’a plus été géré correctement par ses dirigeants et n’a pas obtenu les investissements nécessaires.


Il est évident que PREISS DAIMLER en rachetant Saint-Ghislain en décembre 2004 pour une poignée de cacahuètes avait une idée bien précise : supprimer un concurrent afin de favoriser ses implantations en Allemagne et en Tchéquie.

Aujourd’hui, ce sont les travailleurs borains qui trinquent alors qu’ils ont consenti tellement d’efforts, de sacrifices pour maintenir leur usine en vie.


C’est pourquoi, tous ensemble, nous allons faire le maximum pour que BELREF continue de vivre.


La Curatelle a décidé de poursuivre les activités pendant quelques semaines pour finir les en-cours de commande, la SOGEPA (Région Wallonne) va financer un bureau d’études spécialisé en vue de trouver un repreneur industriel, de nombreux parlementaires nous soutiennent, des repreneurs potentiels ont déjà visité l’usine.

Ce sont des signaux encourageants mais la partie est loin d’être gagnée. Le chemin à parcourir pour sauver tout ou partie de l’usine sera encore long, parsemé d’embûches. Pas d’illusion à se faire. Il faudra énormément de volonté, de persuasion pour aboutir au résultat que nous voulons tous… Un BELREF qui repart de l’avant.

Croyez-moi, mes Chers Camarades, c’est avec beaucoup d’émotion que je vous le dis, votre syndicat, la centrale générale F.G.T.B. (avec l’aide de toutes les bonne volontés) fera tout ce qui est humainement possible de faire pour sauver BELREF, votre usine.


Camarades,


Serrons-nous les coudes pour que demain le Borinage, terre de labeur et de solidarité, ait lui aussi une part de soleil ! »

Alain DE NOOZE

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